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Libération
Éditorial

Fracture mondiale

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publié le 26 janvier 2001 à 22h11

Le débat sur la mondialisation quitte heureusement le stade d'un affrontement puéril entre les «pour» et les «contre». Les décideurs globaux de Davos s'émeuvent désormais de la fracture mondiale. Ils ont enfin découvert que l'intensification des échanges planétaires coexiste avec un effrayant éclatement des conditions humaines. Quant aux opposants au néolibéralisme rassemblés à Porto Alegre, ils promettent de passer du stade de la contestation à celui de la proposition. La sympathique expérience de «démocratie participative» mise en oeuvre dans cette cité du Brésil administrée par une gauche qui reste de gauche témoigne assurément d'un état d'esprit constructif.

Les limites de ces deux démarches opposées n'en sont pas moins patentes. Il serait naïf de miser sur les préoccupations éthiques de dirigeants économiques qui conditionneront toujours leur morale à leurs intérêts. On aurait également tort de trop attendre des mobilisations qui se développent dans le sillage de Seattle. La réunion d'un petit millier d'ONG ne sonne pas l'avènement d'une «citoyenneté globale».

On peut se sentir plus proche des activistes de Porto Alegre que des ploutocrates de Davos. Cela n'interdit pas de constater que ces deux manifestations ont en commun de contourner la question de l'action politique. Les premiers ont tendance à l'évacuer par le lobbying émietté ou l'imprécation révolutionnaire. Les seconds l'enterrent par le mythe de l'autorégulation. Or la régulation de la mondialisation suppose l'i