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Libération

Défiance partagée envers les dirigeants

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Français et Allemands adhèrent peu à la politique européenne de leur pays.
publié le 31 janvier 2001 à 22h19

Si le courant ne passe plus entre les gouvernements de Paris et de Berlin, serait-ce que les deux peuples sont en déphasage? La première leçon de ce sondage est qu'après un demi-siècle de construction européenne, on ne constate pas, sur le devenir de l'union, l'existence d'une opinion franco-allemande . Le phénomène le plus frappant est même le hiatus totalement inverse, dans chaque pays, entre gouvernants et gouvernés. Alors que Bonn, puis Berlin, n'ont eu de cesse d'afficher la volonté d'aller vers une Union de plus en plus intégrée, les Allemands eux-mêmes traînent les pieds.

Tableau 1:

Quelle Europe voulez-vous?

La création d'une «fédération européenne» ou, à défaut, d'un «centre de gravité» réunissant les pays les plus proeuropéens, présentée par le ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer comme le seul moyen pour l'Union de résister à «l'érosion» de l'élargissement, ne recueille que 45 % d'opinions favorables outre-Rhin. 47 % des sondés y est au contraire «plutôt» ou «tout à fait opposée». Cette réticence est la traduction logique de la mauvaise image dont souffre le projet européen dans l'opinion allemande depuis le début des années 90: l'assassinat du deutschemark, l'autoritarisme de Bruxelles qui empêche les Länder d'agir et de subventionner à leur guise, l'Allemagne traitée en «vache à lait» du budget européen, le mauvais climat du sommet de Nice, rien de tout cela ne plaide pour l'Europe dans le coeur des Allemands.

Le paradoxe est que ce décalage entre projet