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Libération

Portrait de l'Allemagne en «jeune lion»

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Sa grandeur retrouvée réveille de vieux démons.
publié le 31 janvier 2001 à 22h19

Berlin de notre correspondante

Sur la plus prestigieuse avenue de Berlin, Unter den Linden, près de la statue retrouvée de Frédéric II, le conquérant de la Silésie, un magasin de souvenirs vend des petits casques à pointe en étain. Plus loin, sur le toit du Reichstag, siège du Parlement allemand, ce n'est pas un, mais quatre grands drapeaux noir-rouge-or qui flottent au vent. Avec un chancelier Schröder arrivé il y a deux ans à la tête d'un pays qu'il voulait «décontracté» face à son passé, tout cela commence à donner l'impression que l'Allemagne reprend goût à la grandeur nationale. Tandis que le souvenir des crimes nazis s'éloigne, que la réunification progresse et que l'élargissement de l'Union européenne s'apprête à la placer en position centrale, entourée de nouveaux partenaires et de marchés potentiels, l'Allemagne serait-elle tentée par un rôle de nouveau à la mesure de sa taille?

Querelle de langue. Au sommet de Nice, Gerhard Schröder a osé réclamer et imposer que ses 23 millions de concitoyens de plus que la France lui assurent un poids accru au Conseil des ministres et au Parlement européen. Et les diplomates allemands guerroient depuis longtemps pour imposer l'allemand dans les institutions européennes: «Ils tiennent une comptabilité rigoureuse des rencontres avec interprétation en allemand, dénonce un diplomate français. Chaque fois qu'il n'y a pas de traduction allemande, ils demandent que l'on retire aussi le français. C'est peut-être ça, ce que Schröder entend p