Un dîner pour relancer la relation franco-allemande: ce soir, le président de la République, Jacques Chirac, le Premier ministre, Lionel Jospin, et le ministre des affaires étrangères, Hubert Védrine, invitent à dîner le chancelier Gerhard Schröder et le chef de la diplomatie allemande, Joschka Fischer. Les dirigeants des deux pays se retrouveront à 19h 30 dans un restaurant de Blaesheim, non loin de Strasbourg, ville symbole de la réconciliation franco-allemande d'après guerre, pour une discussion «franche», sans ordre du jour et surtout sans témoin. «Il n'y aura pas de décision, prévient-on à l'Elysée. Il s'agit d'un brain-storming informel.» Si annonce il doit y avoir, ce sera pour le sommet franco-allemand de Fribourg, le 12 juin. A l'issue du repas, vers 22 h 30, les cinq hommes répondront à quelques questions sur le perron du restaurant de Philippe Schadt, célèbre pour ses choucroutes et ses tableaux coquins...
L'idée de cette rencontre à huis clos est née juste après le Conseil européen tenu à Nice du 7 au 11 décembre. Nul ne sait à qui en revient la paternité. Mais Paris a été pris par surprise lorsque le gouvernement allemand a annoncé solennellement ce «sommet», rapidement ramené au rang de simple «rencontre» par les Français... Un couac sémantique qui ne doit pas masquer l'essentiel: il est apparu nécessaire aux deux parties de ranimer un couple en piteux état.
En particulier, le chef de la diplomatie allemande a pris conscience des dangers que recelait la «victoire