Les époux Nicolas Rackam et Virginie Lerouge attendent une fille. Comment l'appelleront-ils? Julie Rackam, en l'état actuel de la loi. Mais les députés débattent aujourd'hui d'une proposition de loi qui donnera aux parents la possibilité de transmettre soit le nom de la mère, soit celui du père, soit le double nom, dans l'ordre voulu. En cas de conflit, Julie portera les deux noms par ordre alphabétique: Lerouge-Rackam (1). Demain, quand Julie sera en âge d'être mère, elle choisira pour son enfant l'un de ses deux noms, ou les deux, ou le patronyme du père de son enfant, à moins que celui-ci ne préfère transmettre son matronyme, leurs enfants communs devant de toute façon être logés à la même enseigne.
«Etat civil rock'n'roll». Les grands-parents (et les lecteurs) risquent de ne plus y retrouver leurs petits. Mais, comme le notent les sociologues, la multiplication des familles recomposées permet d'apposer une multitude de noms sur la boîte aux lettres, sans que le facteur s'offusque. L'avènement de «l'état-civil rock'n'roll», redouté par de nombreux juristes, se profile. Un amendement d'Yvette Roudy (PS, Calvados), ouvrant le droit de donner à sa progéniture le nom d'un ascendant maternel ou paternel, pourrait même être adopté.
Le plus étonnant n'est pas que la France mette fin à des siècles de suprématie patriarcale dans la dévolution du nom. Depuis quinze ans, tous les spécialistes annonçaient la condamnation de ce système, contraire à la jurisprudence européenne et aux val