Psychanalyste, professeur à l'université de Paris-VII (sciences humaines cliniques), Michel Tort a rédigé pour Robert Badinter le rapport le Nom du père incertain (1983). Il a aussi publié le Désir froid (La Découverte, 1992).
Etes-vous favorable à cette réforme du nom?
C'est un pas en avant dans l'égalité entre les sexes. Mais cette loi n'apportera pas la paix. Pour les hommes comme pour les femmes, la transmission du nom mobilise l'histoire des générations qui les ont précédés, les relations que l'un et l'autre entretiennent avec leur histoire. Les conflits vont émerger autour du choix du nom, ils seront formulés, comme pour l'attribution des prénoms. La transmission du seul nom du père est présentée comme susceptible d'ordonner toute une série de turbulences. Ce n'est qu'une illusion. La transmission du double nom serait préférable. Après deux ou trois générations, les enjeux sont moins violents.
Le «nom du père», notion psychanalytique, est souvent mise en avant pour défendre la transmission du seul nom du père.
Lorsque j'ai commencé à travailler sur la question du nom de famille, j'ai pris conscience que la psychanalyse était invoquée le plus souvent pour conforter des positions réactionnaires. Il est dit: «La mère donne la vie, le père donne le nom.» Mais la procréation n'est pas le décalque de la reproduction biologique. Sans doute le nom inscrit un individu dans le langage. Mais le père aussi donne la vie, et la mère transmet la parole. Cette répartition vie/nom correspo