Un nom, surtout un nom de famille, ne sera jamais le simple équivalent d'un numéro de catalogue même si, pour l'essentiel, il remplit le même usage. Ainsi, sous l'Ancien Régime, le culte du patronyme avait une fonction politique, comme enjeu structurant des stratégies lignagères, de mâle en mâle. Plus récemment, à la suite de la mise en valeur de l'image paternelle dans l'inconscient, des psychanalystes d'obédience lacanienne ont fait du «nom du père» un concept particulier. Cet élément clé de leur pratique, sans se réduire à la transmission du patronyme, ne l'ignore pas non plus. L'onomastique est donc moins anodine que son passage presque furtif devant l'Assemblée ne le laisserait croire.
Le droit français, par les devoirs qu'il impose et les alternatives qu'il exclue, est resté l'un des plus rigides, malgré une timide réforme dans les années 80. Deux lames de fond ne peuvent qu'ébranler le privilège masculin quant à la désignation des descendants: la revendication d'égalité des femmes, d'une part, l'affirmation d'autonomie personnelle face aux usages établis et aux contraintes extérieures d'autre part. La solution espagnole, qui accole les noms des deux parents, est un trompe-l'oeil: seul le patronyme se transmet en fait de génération en génération. Sur ce point, la législation proposée en France est plus libérale, permettant la création de lignées matronymiques.
Nous en sommes encore loin. Comme le montre l'exemple de législations très libérales, l'usage a force de loi en