Menu
Libération

Un patrimoine national bien conservé.

Article réservé aux abonnés
La loi ne changera rien à l'érosion naturelle du stock de noms, au contraire.
publié le 8 février 2001 à 22h41

«Un jour tous les Français s'appelleront Martin», avait menacé Xavier Deniau (apparenté RPR). Son «SOS patrimoine en péril» lancé en 1992 vient d'être largement repris par les députés qui oeuvrent en faveur du matronyme.

Le spectre de l'appauvrissement du stock des noms de famille sert d'argument, même chez les élus féministes, pour étayer la nécessité d'une double transmission. Or les députés se trompent. Les noms de famille, «richesse de notre patrimoine» comme vantent les élus, ne sont nullement en danger. Avec 900 000 noms en France, le stock est immense. Certes, il s'use, mais lentement. Et ce n'est pas le choix offert aux deux parents de transmettre l'un ou l'autre de leur nom qui va enrayer l'érosion. Aux fantasmes d'un héritage perdu qui surgit à chaque débat sur l'onomastique, les scientifiques opposent des chiffres qui prouvent le contraire. «La seule justification valable de la proposition de loi est l'égalité de droit reconnue aux parents et époux, sinon ça ne changera pas grand-chose», tranche Jean-Pierre Bruntrec'h, conservateur en chef aux Archives nationales, où il dirige le centre onomastique. Et si une mère, dernière porteuse d'un nom, le transmet? Réponse sans appel du patron de ce haut lieu de sauvegarde: «Pour qu'un nom ne se perde pas, il faut que la dernière personne qui le porte ait dix enfants et cent arrière-petits-enfants.»

Une erreur de calcul commise par un polytechnicien, Michel Tesnière, mort avant d'avoir pu la rectifier, sert de base de réflexi