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Libération
Éditorial

Le rejet.

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publié le 9 février 2001 à 22h44

Paris chiraquisé, Paris tibérisé, Paris séguinisé, Paris libéré! Les sondages sont devenus répétitifs tant ils expriment le même sentiment massif d'hostilité à la droite municipale locale sous ses différents visages. Les résultats d'intentions de vote importent moins en la circonstance que la tendance. Une large majorité d'électeurs parisiens semble n'avoir qu'une idée en tête s'agissant des sortants: «On ne veut plus les voir.»C'est ce qu'on appelle un rejet. Si l'on excepte les beaux quartiers qui sont à la droite ce que la «banlieue rouge» fut jadis au PCF, le phénomène est général et l'on voit mal comment une telle pulsion serait sans effet dans les urnes dans un mois. Tout se passe comme si le miroir complaisamment (et abondamment) tendu à l'opinion par les instituts de sondage permettait à celle-ci de délivrer un message trop longtemps contenu. Sans doute la publication en rafale de résultats calamiteux pour la droite accélère-t-elle le désaveu en créant un «effet de mode», dont s'est amèrement plaint Philippe Séguin, avec quelque candeur.

On pourrait imaginer bien sûr qu'une mode chasse l'autre d'ici le 11 mars, mais ce serait évacuer un peu vite les raisons de fond du discrédit. La majorité du conseil de Paris incarne de façon indivise un mode de pouvoir municipal révolu: opaque et incontrôlé, centralisé et autoritaire, clanique et prébendier. Si l'on concède volontiers à Philippe Séguin que ces deux dernières caractéristiques ne s'appliquent pas à lui-même, il person