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Libération
Éditorial

Accablant.

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publié le 10 février 2001 à 22h50

L'«affaire des disparues de l'Yonne» a longtemps été une rumeur, et suspecte, comme toutes les rumeurs. Sauf que, pour une fois, les sceptiques avaient tort. Comme l'enquête de Libération le démontre, s'il manque encore quelques pièces pour que le puzzle soit complet, du moins en sait-on aujourd'hui assez pour que les grandes lignes du paysage apparaissent clairement. Et ce que l'on découvre est à la fois effrayant et révoltant. On y retrouve les éléments de l'affaire Dutroux, qui a secoué la Belgique.

Il y a d'abord la découverte d'un monde noir: non tant celui de la pédophilie (les jeunes femmes d'Auxerre n'entrent pas exactement dans cette catégorie, pas plus que certaines des victimes de Dutroux) que du sadisme pur et simple. Celui-ci, bien au-delà des comédies douteuses pour adeptes des boîtes SM, incarne un désir de mort libre d'entrave, une férocité portée à sa conséquence ultime: l'assassinat des victimes.

L'autre élément qui rappelle l'affaire Dutroux, c'est le doute qu'on peut légitimement entretenir à l'égard de l'appareil judiciaire ou policier. Leurs «dysfonctionnements» ne cachent-ils pas en réalité de sombres manipulations? Les mésaventures rocambolesques du dossier des disparues dans les méandres du palais de justice d'Auxerre laissent pour le moins perplexe. Le handicap dont souffraient les jeunes disparues aurait dû leur valoir une double sollicitude de ces instances protectrices que sont en principe la justice et la police. Elles n'ont eu droit qu'à une long