Daniel Stilinovic, 53 ans, a été substitut au parquet d'Auxerre de 1981 à 1984, puis de 1987 à 1989. Aujourd'hui en poste à Briey (Meurthe-et-Moselle), il a été entendu en janvier par l'inspection des services judiciaires. Ce magistrat remuant revient sur le début de l'affaire.
En 1984, le gendarme Jambert, qui enquête sur le meurtre de Sylviane Durand (lire page 3), vient vous parler d'Emile Louis et des disparues.
Oui, je connaissais Jambert. Début 1984, il me demande l'autorisation d'effectuer un «renseignement judiciaire» (une sorte d'enquête préliminaire, ndlr) à propos de ces disparues. Comme je ne m'occupais pas du secteur d'Auxerre, je me souviens d'en avoir parlé avec mon supérieur hiérarchique, le procureur Meyer. Il m'a donné son accord, que j'ai transmis à Jambert.
Jambert rend son rapport en juin 1984.
Précisément le 26 juin, je le sais parce que, le soir même, je quittais Auxerre pour Paris, où j'étais nommé à la 12e section du parquet. Ce dernier jour, je lis le dossier de Jambert et je l'envoie au juge Bourguignon, qui instruisait l'affaire Sylviane Durand. Sur le dossier, je glisse un mot: «Voulez-vous un réquisitoire supplétif?» (des moyens d'investigation plus poussés, ndlr). Car, à ce moment, je me rends compte que l'enquête de Jambert permet de relier le meurtre de Durand aux disparues. J'écris ce mot, et mon rôle s'arrête là.
Que se passe-t-il après?
Je pars, et la suite, je ne l'apprends que ces jours-ci. Le rapport est revenu au parquet quelque temps après,