Genève de notre correspondant
Les révélations liées à l'attitude d'IBM durant la Seconde Guerre mondiale sont emblématiques de la relecture actuelle du conflit. Jadis cantonné aux responsables hitlériens et à leurs collaborateurs directs dans les pays occupés, le regard se tourne désormais sur l'attitude de ceux qui ont profité ne serait-ce qu'indirectement de la gigantesque opération de spoliation qui accompagna la destruction des juifs d'Europe.
Relecture critique. Dans ce processus de judiciarisation du passé, qui mêle malaisément exigence de vérité historique et demandes de réparation financière, la Suisse fut la première concernée par les revendications des grandes organisations juives basées aux Etats-Unis. Accrochée à une vision héroïque de sa neutralité, la Confédération helvétique n'entreprit que sous la pression extérieure une relecture critique de son passé, en créant une commission d'historiens.
Ces derniers jours, les banques suisses viennent de publier une nouvelle liste comprenant 21 000 noms de titulaires de comptes dormants, dont les propriétaires, peut-être assassinés par les nazis, ont disparu dans la tourmente de la guerre. Une somme de 1,25 milliard de dollars (1,34 milliard d'euros) a déjà été accordée par les banquiers et les industriels suisses aux survivants des victimes des pratiques financières helvétiques.
Depuis, le cercle n'a cessé de s'élargir au-delà des frontières helvétiques : banquiers, industriels, mar chands d'art, éditeurs, assureurs...