Fréjus envoyée spéciale
A quoi ressemble l'intérieur de la «zone d'attente» instituée à Fréjus par le préfet du Var, pour l'accueil des 910 réfugiés dont l'exode s'est achevé sur une côte méditerranéenne, samedi matin? Libération a pu s'introduire dimanche soir dans cette zone interdite où les réfugiés commencent à s'impatienter.
Froid. Il est 22 heures. La plupart des échoués, installés dans le bâtiment central de cette ancienne caserne, cherchent le sommeil. Dissimulés sous de minces couvertures marrons, ils tentent de se protéger des néons aveuglant et du froid. Au milieu des corps et des formes, un bébé, emmitouflé, est posé sur un lit. Seuls ses yeux s'agitent. Ses parents, âgés de 24 et 22 ans sont partis de la région de Mossoul, il y a un mois. Dans le bateau, «il faisait noir, racontent-ils. On a eu plusieurs fois peur de couler». Ils ont tenu contre eux leurs trois enfants de 4 ans, 2 ans et 2 mois pendant toute la traversée. Depuis leur arrivée, rien ne leur a été expliqué. «Je n'ai rien compris depuis que je suis ici», lâche le père. Pour cette famille, la priorité reste encore d'obtenir des couvertures supplémentaires et de la nourriture correcte. «Ça ne peut pas continuer comme ça», s'emporte-t-il en désignant ses enfants frigorifiés.
Plus loin, une petite troupe de femmes installées en rond demandent des cigarettes (denrée rare et convoitée) à une militante de la Cimade, l'une des rares associations habilitées à se rendre dans les zones d'attente. Puis reprennent