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Libération
Éditorial

Petitesse politique

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publié le 20 février 2001 à 23h03

La mesquinerie face à la détresse, fût-elle due à des préoccupations strictement électorales, est un triste spectacle. Et c'est un triste spectacle que nous offrent divers responsables socialistes depuis trois jours, depuis qu'ils sont confrontés aux conséquences humaines de l'échouage de l'East Sea. Chacun sait bien, y compris François Hollande, qu'il serait politiquement impossible et moralement indigne d'affréter demain des charters pour Bagdad, Ankara, Damas ou Athènes. Mais qu'importe! Cela n'a donc pas empêché le premier secrétaire du PS, chargé de donner le ton, de dénier dès dimanche aux rescapés «l'illusion et l'espoir d'une intégration dans notre pays». Bertrand Delanoë n'a guère été mieux inspiré en affirmant qu'«il faudra prévoir sans doute le rapatriement de certaines de ces personnes vers leur pays d'origine». Car, a expliqué hier Lionel Jospin, «il ne faut pas donner une sorte de prime à ces entreprises criminelles de transport d'hommes et de femmes».

Résultat de ces mouvements de menton qui rappellent le fâcheux épisode des sans-papiers encouragés naguère à se faire connaître sans être certains de leur régularisation: le ministère de l'Intérieur s'est embarqué dans une opération policière hasardeuse à base de «zone d'attente» contestable et d'évaluation fine des risques encourus par chaque passager de l'East Sea dans son pays d'origine. Une procédure à hauts risques judiciaires qui risque de virer à la mascarade. Mais qui s'inscrit dans l'interprétation restri