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Libération
Éditorial

Volte-face

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publié le 21 février 2001 à 23h04

Qu'un gouvernement reconnaisse qu'il allait commettre une erreur politique et fasse le nécessaire pour l'éviter, est un événement suffisamment rare pour qu'on le salue. Il faut donc se réjouir de la volte-face effectuée hier soir par le ministère de l'Intérieur, avec l'accord (ou à la demande?) de Matignon, en ce qui concerne le sort à réserver aux neuf cents échoués de l'East Sea. Même si les porte-parole de ces deux honorables «maisons» se sont épuisés à expliquer, contre toute vraisemblance, que les autorités françaises n'avaient en rien changé d'avis. En fait, c'est la crainte puis la certitude d'un imbroglio judiciaire sans précédent qui ont convaincu les autorités de rendre leur liberté aux réfugiés kurdes plutôt que de les maintenir illégalement en «zone d'attente» et de les soumettre à une procédure d'urgence hautement contestable. Le fiasco, en effet, était au rendez-vous de ces audiences marathons et sous haute surveillance, programmées pour aujourd'hui par le ministère de la Justice pour statuer sur chaque cas particulier. Les réticences d'une dizaine de magistrats dépêchés de toute urgence à Draguignan dans l'espoir de les voir se prêter à des pratiques pour le moins expéditives, ont sans nul doute joué un rôle important dans le retournement de la situation et le retour à la sagesse. Tout comme l'avis, très certainement, du ministère des Affaires étrangères où on laissait entendre depuis au moins dimanche que parler d'un rapatriement des Kurdes de l'East Sea, en