Jusque-là, tout va plutôt mal: le fossé Nord-Sud s'accentue. Ce n'est pas le scénario catastrophe sur le climat brossé par l'ONU qui risque d'amender cette tendance. «Un rapport alarmant mais pourtant pas alarmiste», nuance un expert, pour qui les pays les plus fragiles seront les plus fragilisés. «Il y a les big five (Chine, Inde, Indonésie, Brésil, Argentine), gros émetteurs de carbone, mais vulnérables; les pays de l'Opep; et les pays les moins avancés, émetteurs marginaux, et les plus vulnérables, résume Rémi Paris, de l'OCDE, qui regroupe les 30 pays les plus développés. Et plus ils sont pauvres, plus ils auront du mal à faire face. Qui va payer pour qu'un pays insulaire océanien construise des digues comme les Pays-Bas?»
«Réfugié environnemental». L'impact n'est en effet pas le même selon que l'on se trouve d'un côté ou de l'autre de l'hémisphère. «D'évidence, une inondation à Quimperlé ou au Bangladesh, un ouragan en Floride ou au Honduras n'ont pas le même coût social, écologique ou économique», rappelle Bruno Rebelle, de Greenpeace. D'autant que les maux actuels dont souffre le tiers monde ne sont pas liés au réchauffement. «La désertification, note un économiste, n'a pas besoin de changement climatique pour s'accentuer. Elle résulte de l'évolution démographique, de la surconsommation de la forêt, et de la marginalisation sociale.» On peut évoquer aussi la recrudescence des épidémies (paludisme): surpluviométrie, résistance aux médicaments. 50 % de la population buru