Berlin de notre correspondante
Au téléphone, mi-janvier, la voix était engageante: «Et Cohn-Bendit, il vous intéresse?» Bettina Röhl, la fille de la terroriste Ulrike Meinhof, partie en campagne contre la «génération 68» allemande, venait tout juste d'accepter un rendez-vous et proposait d'emblée du «matériel» sur le cas Dany. Auparavant, elle avait prévenu qu'en tant que «journaliste indépendante», elle a coutume de demander 500 marks (250 euros) d'honoraires pour les entretiens qu'elle accorde, puis cédait devant la règle de Libération, qui refuse de payer pour ses informations: «Bon, d'accord pour un entretien quand même. Libération c'est important.»
Enveloppe. Le jour convenu, dans un grand hôtel de Hambourg, après deux bonnes heures d'entretien consacrées à elle et ses attaques contre Fischer, Bettina Röhl nous remet une grande enveloppe. A l'intérieur, elle a pris soin de placer non seulement le texte où Cohn-Bendit relate son expérience au jardin d'enfants de l'université de Francfort, mais aussi une photocopie couleur de la couverture du magazine Das da où l'article est paru, en août 1976. S'y étale une fille demi-nue, un sein dépassant d'un débardeur rouge, le sexe exposé, jambes écartées. Dirigée par le propre père de Bettina Röhl, l'ancien mari d'Ulrike Meinhof, la revue mêlait pornographie et textes gauchistes.
Bettina Röhl a accompagné le tout d'un texte de sa plume, titré «Danni (sic), le grand tacticien», où elle accuse Cohn-Bendit d'avoir rédigé cet article just