C'est une débâcle prévisible dont se seraient volontiers passés tous ceux qui font commerce de viande en France, mais également les promoteurs de la politique agricole commune (PAC). A elle seule, la crise de la vache folle a réussi à enrayer tout un pan du système d'échan ges intracommunautaire, pourtant très bien huilé. «Depuis des lustres, le système fonctionnait sur un mécanisme de compensation quasi naturelle, témoigne Bernard Baudienville, spécialiste des viandes au Centre français du commerce extérieur (CFCE). En matière de viande de boeuf, l'Italie nous achète de préférence des jeunes bovins mâles. La France, elle, importe plutôt d'Italie des vaches et des génisses, dont la chair est plus goûteuse et plus au goût de nos consommateurs. Aujourd'hui, tout est bloqué», constate, amer, le spécialiste des viandes. Au point que les exportations et les importations de viande bovine s'inscrivent de moins en moins dans une logique de marché commun: chaque pays en vient à fonctionner en autarcie. Une éventuelle épizootie de fièvre aphteuse risquerait d'aggraver encore davantage ce phénomène.
Clients défaillants. Car les faits sont déjà inquiétants. En novembre, «les échanges extérieurs de viandes bovines se sont effondrés à l'exportation», constate le CFCE dans son dernier tableau de bord du commerce agroalimentaire français. Au plus fort de la crise de la vache folle, en novembre, les exportations de bovins tricolores vers le reste du monde ont chuté de 65 % en volume et de 62