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Libération

«Il paraît qu'ils arrivent et abattent tout».

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Du nord au sud de l'Hexagone, la maladie terrorise les éleveurs.
publié le 6 mars 2001 à 23h53

Au bout du chemin bordé de saules, à une vingtaine de kilomètres de Lille, la ferme de brique est vide. Pas un bruit, pas une bête qui bouge. Roger passe la tête, dans l'embrasure, hagard. Tous ses moutons ont été passés au pistolet d'abattage, suspectés d'être entrés en contact avec des bêtes contaminées. Pas le temps d'attendre les résultats des tests. Debout dans la cour de la ferme, il n'a pas envie d'en parler. Il lève les bras, impuissant. «C'est pas gai! Vous voulez ma place? Allez, allez, bonne journée. Allez-vous-en. Et je vous interdis de prendre des photos.» Il tente de sourire, puis claque la porte.

6 000 bêtes, dans 22 exploitations du Nord-Pas-de-Calais, ont été déclarées suspectes vendredi. Le lendemain, la liste est parue dans la presse locale. Et les services vétérinaires débarquaient dans les cours de ferme. L'abattage devrait être terminé ce soir. Les animaux sont enfouis sur place. S'il y a un risque de contamination pour la nappe phréatique, ils sont brûlés ou transportés sous haute surveillance dans les centres d'équarrissage. On parlait hier de 50 vaches suspectes dans la région.

«C'est comme ça. On essaie d'oublier. On ne va pas prendre un fusil et se tuer, non?», glisse à quelques kilomètres, Jean-Jacques, négociant-éleveur dans une coquette ferme carrée des Flandres. Son ton enlevé ne trompe personne. «De toute façon, on ne m'en a pas tué beaucoup.» Il ne veut pas dire combien. Ne sait pas où sont les carcasses ou préfère ne pas le dire.

Montagne de ca