«Vague rose» contre «grave défaite du gouvernement». Paris et Tulle contre Avignon, Béziers et Dole. Les instituts de sondages des principales chaînes généralistes viennent à peine de livrer les premières estimations ou les premiers sondages sortis des urnes, que le débat télévisé éclate. Sur France 2, dans un hémicycle bleu et blanc à moitié vide, Jean Glavany en «ministre de l'Agriculture» préfère «ne pas mélanger les oignons et les carottes» et recommande de «comparer ce qui est comparable». C'est-à-dire les résultats de 2001 avec ceux de 1995. Patrick Devedjian n'écoute pas. Sur France 3, puis sur France 2, le porte-parole du RPR martèle qu'«il n'y a pas de vague rose», que des «poids lourds du gouvernement Jospin subissent une lourde défaite». Il est 20 h 08. Tout est dit, tout est montré. Ou presque.
La soirée électorale télévisée avait commencé sur France 3 beaucoup plus tôt. A 18 h 48, dans un décor de bois blond, autour d'une table triangulaire, Elise Lucet livre les chiffres nationaux de l'abstention. 33,5 % dit le ministre de l'Intérieur. «Une participation calamiteuse», selon l'envoyé spécial de la chaîne, place Beauvau. Cinq minutes plus tard, sur TF1, Philippe Méchet, pour la Sofres, répond aux interrogations de Claire Chazal, tailleur blanc, et Patrick Poivre d'Arvor, costume noir. Le «sondologue» théorise: «Les élections sont de plus en plus dépolitisées.» Alors la première chaîne fait la démonstration de sa «force vive» avec «un dispositif exceptionnel», fort