On s'exerce à tout propos au va-et-vient historique en ce moment, notamment s'agissant de Mai 68: qui se serait risqué alors à prédire que la gauche partisane constituée d'un PCF dominateur et d'une gauche sociale-démocrate rasant les murs se transformerait trente ans plus tard en une gauche plurielle avec un PS dominant et, dans le rôle du partenaire principal, un mouvement écologiste qui n'existait pas? Quant au PCF, s'il n'en en n'est pas encore à raser les murs, sa représentation locale et nationale survit sous l'aile protectrice des «sociaux-démocrates».
Le monde a changé, c'est bien le moins, et la gauche a suivi le mouvement plus qu'elle ne l'a maîtrisé. Les municipales, de ce point de vue, ont accentué le trait d'un paysage politique déjà remodelé. On voit s'installer, de façon persistante, en contrepoids (contre-pouvoir?) d'un PS flanqué de ses partenaires traditionnels minorisés, des Verts qui broutent sur les mêmes terres électorales que lui et une extrême gauche qui pirate une partie des suffrages communistes. On pourrait ajouter une gauche associative, foisonnante et exigeante, qui commence à compter ici et là comme acteur politique.
La situation n'est pas sans poser un problème de fond aux socialistes en général et à Jospin en particulier. Ils payent la rançon de la durée gouvernementale, plus élevée pour la gauche dans la mesure où elle suscite davantage d'attente, sinon d'impatience sociale, que la droite. Et ils peinent à satisfaire une demande toujours plus p