Il y a ces Parisiens qui pétitionnent. Comme ce «groupe de votants du XVe arrondissement» qui dénonce «une situation incroyable et inacceptable». Il y a ceux qui téléphonent, comme cette dame du XVIIIe, «pour savoir comment je peux voter au second tour». Et il y a ceux qui saisissent les tribunaux parce qu'ils ne comprennent pas pourquoi «nous ne pouvons pas voter alors que nous habitons toujours le même arrondissement, même si nous avons déménagé». Bien souvent ce sont les mêmes, «désespérés de n'avoir pu accomplir leur devoir électoral», comme ce vieux monsieur du Ve. Tous sont les déboutés du droit de vote, les radiés des listes électorales à Paris. Selon les chiffres de la préfecture de Paris, ils représentent 11,35 % du corps électoral. Soit un peu plus de 119 000 personnes (1).
Si leurs recours individuels auprès des tribunaux d'instance n'ont pas été efficients dès le premier tour, ils seront inutiles pour le second. En effet, l'article L. 57 du code électoral stipule que «seuls peuvent prendre part au deuxième tour de scrutin les électeurs inscrits sur la liste électorale qui a servi au premier tour». Autrement dit : un radié l'est pour toute la durée du scrutin. A moins que, comme le précise la jurisprudence, «des électeurs, justifiant par une décision du tribunal d'instance de leur droit à être inscrits sur la liste électorale, puissent voter au second tour même s'ils n'ont pu le faire au premier en raison de l'époque à laquelle est intervenue la décision du juge».