«Un mal qui répand la terreur/Mal que le Ciel en sa fureur/Inventa pour punir les crimes de la terre (...) Faisait aux animaux la guerre/Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés...». Impossible de ne pas penser à la fable de monsieur de La Fontaine au moment où les Nations unies mettent en garde contre une épizootie qui se propage d'Argentine en Mongolie, en passant par l'Europe et l'Arabie. Partout, elle justifie une bunkerisation des pays, qui espèrent s'en protéger en mettant le reste du monde en quarantaine. Le pire, comme le prédit sombrement Jean Glavany, est sans doute encore à venir. L'ironie de ce sauve-qui-peut général où chacun s'enferme derrière la barrière (illusoire) de ses frontières, de ses contrôles douaniers et de ses pédiluves, en regardant d'un oeil soupçonneux tout ce qui vient de l'étranger, est que les remèdes risquent au bout du compte de s'avérer pire que le mal. Sans même parler du coût pour les éleveurs et commerçants des mesures prises dans les pays touchés, en lui-même considérable, les conséquences d'une paralysie du commerce international des produits agricoles pourraient être redoutables. En particulier pour une Union européenne, superpuissance de l'agribusiness, qui exporte annuellement pour 70 milliards d'euros de biens agricoles. On peut craindre que l'impact des embargos ne plombe encore davantage une situation macroéconomique déjà affectée par la mauvaise fièvre qui agite les marchés financiers entraînés, de Wall Street à Toky
Éditorial
La morale de la fable
Article réservé aux abonnés
par Patrick Sabatier
publié le 15 mars 2001 à 0h03
Dans la même rubrique