Les municipales sont l'occasion de subtiles figures de rhétorique où les partis renvoient pudiquement aux «circonstances locales» ce qui ne les arrange pas, et tirent hardiment des «leçons nationales» pour ce qui peut les servir. Tout le monde a un peu raison, car une somme de scrutins particuliers donne une impression d'ensemble qui pèse sur le climat politique du pays.
A cet égard, le basculement de gauche à droite de dizaines de villes suggère un échec du gouvernement Jospin. En jouant un peu sur les mots , c'est de non-victoire qu'il faudrait parler. Tout simplement parce que l'appréciation plutôt positive de son action par l'opinion, la popularité souvent flatteuse de ses ministres, ne se sont pas traduites par un bonus électoral. L'excès de confiance de certaines éminences ministérielles parties à la conquête de mairies de droite, négligeant les serments antérieurs sur le non-cumul des mandats, relevait de cet espoir qu'une bonne gouvernance donnerait de bons fruits électoraux. L'erreur est manifeste. C'est même le problème fondamental de la gauche gouvernante: depuis 1997, elle n'a pas réussi à modifier le rapport de force avec la droite. Celle-ci avait alors perdu de peu et, si elle a connu depuis les pires avanies partisanes, elle conserve un électorat qui ne demande qu'à se mobiliser, pourvu qu'on ne lui serve pas la farce des divisions parisiennes ou la soupe lyonnaise des retrouvailles avec un Charles Millon. Dès lors que la mécanique des triangulaires avec l'extr