L'entourage de Lionel Jospin le dit d'entrée: «Le Premier ministre n'est pas dans l'état d'esprit de modifier sa politique économique et sociale.» Les communistes peuvent récriminer, les socialistes gémir; pour Matignon, les résultats décevants de la gauche plurielle aux municipales ne justifient pas une «embardée brutale de la stratégie gouvernementale». Le 31 mars, les ministres réunis en séminaire étudieront l'opportunité de procéder à certains «ajustements», mais en aucun cas ils ne discuteront d'un «changement de cap». Il leur reviendra de débattre des «priorités gouvernementales» et de leur application sur le terrain.
A un an des élections présidentielle et législatives, les attentes se font plus pressantes et les élus sont plus sensibles aux revendications de la rue. Pour le gouvernement, la tentation est forte de laisser filer la dépense. Les fonctionnaires qui défilent aujourd'hui pour obtenir une augmentation de leurs salaires le savent bien. Les représentants des filières agricoles aussi, qui font le siège de Bercy depuis plusieurs semaines pour améliorer leurs indemnités vache folle. Les alliés pluriels ne sont pas en reste. Le PCF réclame «des réponses sur le pouvoir d'achat», avec d'autant plus de véhémence qu'il est en perte de vitesse. Plus sages, les socialistes n'en demandent pas moins, mezza voce, qu'on «accélère les actions en faveur de l'électorat populaire».
Comptes récurés. Matignon a senti le danger. Les hésitations de l'automne n'ont plus cours. Sur fo