A quelques heures de la désintégration annoncée de Mir, les responsables russes affichaient leur confiance. La station naviguait hier soir sur une orbite à environ 215 kilomètres d'altitude. Les ingénieurs du Tsoup, le centre de contrôle, ont stabilisé Mir pour que les panneaux solaires assurent une dernière recharge des batteries propre à alimenter les systèmes de commande. A trois reprises, ils recevront l'ordre d'allumer les moteurs du cargo fossoyeur arrimé depuis fin janvier.
Les ingénieurs du Tsoup se préparent à vivre la plus longue nuit de leur histoire. La plus difficile aussi. Après quinze années, l'objet de leur fierté se désintégrera en une multitude de fragments incandescents. Un spectacle digne des plus beaux feux d'artifice sans doute. Mais, telle une litanie, les questions ressurgissent. Pouvait-on sauver Mir, la retaper, ou lui préparer une retraite perpétuelle sous la forme d'un voyage dans le système solaire? Les experts ont eu beau retourner le problème, une seule solution était possible: conduire Mir au même destin que les dizaines de satellites déjà précipités dans l'atmosphère. Et contrairement à ces engins désorbités au petit bonheur la chance, guider les derniers pas de la station pour s'assurer qu'elle ne fera pas de victimes. Une mission de perfection pour redorer un blason russe terni par la fonte des budgets spatiaux et éviter l'effet désastreux laissé par le satellite Cosmos-954, qui dispersa en 1978 les débris radioactifs de son réacteur nucléai