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Chez les soignants, un air de nostalgie

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Dans l'Essonne, certains s'inquiètent de la fermeture du CHS.
publié le 6 avril 2001 à 0h24

L'hôpital psychiatrique tarde à quitter ses murs. Et son départ ne va pas de soi. L'«asile» de Perray-Vaucluse (Essonne) a été construit en 1869 pour éloigner les «idiots» de Paris. Ce sont des pavillons, en pierre et brique, avec des ailes aux noms datés, Messidor ou Fructidor, témoins de l'époque où les aliénés devaient être enfermés. Autour, 120 hectares. Un véritable «village» posé dans un cadre idyllique. Certains arbres ­ cèdres, platanes et peupliers ­ sont classés. La rivière, l'Orge, inonde un vaste pré. De petits ponts l'enjambent, à proximité d'un château réservé au directeur, qui reste inoccupé. A l'entrée de l'établissement, un panneau indique : «Le code de la route s'applique à l'intérieur.»

«Sentiment de peur». En descendant du RER, on ne voit que lui. Vaste et imposant. «Quand je suis arrivée, il y a vingt-cinq ans, je me suis dit : je reviens deux siècles en arrière. On ne croisait personne», dit une psychologue. Dix ans plus tard, autre vision d'une soignante : «C'étaient des murs, des couloirs et des gens qui circulaient. J'ai eu un intense sentiment d'horreur et de peur.» Claire Bacou, surveillante à la retraite, a commencé à travailler en 1965. Elle a débarqué «au milieu d'une cour des miracles, un monde plus que carcéral». Vingt-cinq ans déjà.

Claire conserve tellement de souvenirs de cette époque qu'elle voudrait écrire un livre. Raconter les conditions de travail déplorables qui régnaient à l'époque. La buanderie qu'on appelait «Buchenwald» parce qu'il