Arezzo envoyé spécial
A proximité de la gare d'Arezzo, les joggeurs profitent de l'allée centrale du parc pour allonger la foulée, tandis que de jeunes étudiants passent, d'un pas plus lent, d'un petit bâtiment à l'autre. «Il y a encore quelques années, on ne sortait pas aussi facilement de l'enceinte», lâche, avec un brin de fatalisme, le gardien de ce nouveau centre d'études, en partie rattaché à l'université de Sienne, la prestigieuse cité toscane, toute proche.
«Il y a quelques années...», calcule-t-il avec peine, c'est-à-dire en fait il y a moins de dix ans. Lorsque cet ensemble de pavillons à deux ou trois étages abritait encore l'hôpital psychiatrique de la ville. Cinq ans avant l'obligation imposée par l'Etat italien de fermer tous les manicomi du pays, Arezzo a, dès 1992, clos son asile municipal. Au début des années 70, l'établissement accueillait près de 800 personnes (pour une province d'un peu plus de 300 000 habitants). Aujourd'hui, à côté des salles de la faculté de lettres, il ne demeure qu'une petite résidence qui dispense, quelques heures par jour, soins et activités de réhabilitation sociale pour les malades mentaux.
«Mécanismes répressifs». Ainsi, au terme d'un processus d'une vingtaine d'années, l'Italie a, selon l'expression, remis ses fous en liberté. A partir de la fin des années 70, sous l'égide du psychiatre Franco Basaglia, la Péninsule a tenté une expérience audacieuse : abandonner les asiles psychiatriques et réinsérer les malades mentaux dans un co