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Analyse

Jospin en mal de crédit(s)

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Le Premier ministre semble vouloir éviter tout risque de conflit.
publié le 7 avril 2001 à 0h25

Le Premier ministre a arrêté sa position depuis des mois: il n'est pas question, pour lui, à un an de l'élection présidentielle, de se payer le luxe d'un conflit dans le secteur public. Lionel Jospin estime qu'il a gagné les législatives anticipées de 1997 grâce au terrible faux pas d'Alain Juppé en novembre 1995. Il n'a pas l'intention de commettre la même erreur. Au nom de cette logique, il a enterré, sans le dire, toute réforme des retraites avant 2002. Au nom de la même logique, il a demandé à Louis Gallois le retrait de «Cap Clients». Significativement, en milieu de semaine, ce qui inquiétait Matignon, c'était surtout la crainte de voir le PDG de la SNCF démissionner plutôt que d'être désavoué. C'est dire combien, dans l'esprit de Jospin, il n'a jamais été question d'une épreuve de force avec les cheminots.

«Pas d'ennuis», donc, tel est le mot d'ordre. Nanti de cette doctrine en acier, le chef du gouvernement peut s'afficher en toute quiétude au Brésil avec les chefs de la gauche brésilienne. Pourtant, sa posture pourrait lui valoir... pas mal d'ennuis. Car, dans le domaine de la fonction publique, qu'elles soient légitimes ou non, les concessions coûtent cher. Et font souvent boule de neige. Il y a les cheminots et les sages-femmes; il y a surtout la négociation en cours sur la revalorisation des traitements des fonctionnaires, qui a déjà été l'objet de plusieurs grèves. Sur ce dernier sujet, Jospin n'a pas encore tranché. Son attitude dans le conflit de la SNCF indique