La grève qui s'éternise à la SNCF n'est pas seulement désastreuse pour l'entreprise et ses usagers. Elle porte aussi gravement atteinte à l'image du syndicalisme et du service public. La minorité de grévistes qui poursuivent le mouvement ne donne pas précisément l'exemple d'une action solidaire et cohérente. S'ils font peu de cas des concessions, pourtant sérieuses, faites par Louis Gallois, c'est que leurs motivations sont aussi particulières que diverses. Le corporatisme des uns fait la courte échelle aux calculs politiques des autres. Loin du «tous ensemble», les agents de conduite «autonomes» se battent pour leurs sous. L'aristocratie du rail revendique superbement 8 % d'augmentation de salaires. SUD-Rail semble livrer une bataille plus idéologique contre les menaces potentielles d'un projet de réorganisation de la société, au demeurant suspendu. Quant à FO, certaines arrière-pensées politiques ne lui semblent pas étrangères. Gênée aux entournures, la CGT ne s'est pas non plus grandie en se réfugiant dans une lâche indétermination. Seule la CFDT, opposante au projet Cap Clients mais appréciant à sa juste mesure sa suspension, a fait preuve de responsabilité.
La pagaille engendrée par ces divisions syndicales est une nouvelle manifestation de cette maladie française qu'est l'émiettement de la représentation salariée. La pluralité syndicale offre inévitablement prise aux dérives corporatistes ou politiques. Dans le secteur privé, la division syndicale engendre une telle fai