Moscou de notre correspondante
La chaîne privée NTV s'est fait remarquer par le dynamisme de ses reporters. Mais sa notoriété, elle le doit à un homme, Evgueni Kisseliov, et à une émission, Itogui (bilans), qui depuis près d'une décennie rythme les dimanches soirs de milliers de Russes. Créée sur la chaîne d'Etat au moment de l'éclatement de l'URSS et des menaces de putsch communiste, l'émission lancée par Kisseliov a attiré l'attention en donnant la parole à toutes les opinions dès son installation en 1993 sur NTV. Une vraie révolution pour l'époque. La couverture impartiale de la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) et de ses horreurs a ensuite assis sa réputation.
Vedette. A 44 ans, Evgueni Kisseliov s'est empâté. Sa voix est un peu plus traînante, ses poses plus accusées, mais son regard reste aussi bleu et aiguisé. L'homme ne laisse pas indifférent. Les téléspectateurs aiment «son charme et son intelligence», ses collaborateurs le tiennent pour «un homme de parole, qui sait trancher et prendre ses responsabilités». Ses détracteurs dénoncent sa grandiloquence et son ego, et l'accusent d'être dépendant du fondateur de la chaîne, Vladimir Goussinski.
Evgueni Kisseliov n'a rien d'un Adam Michnik, le fondateur de Gazeta Wyborzca qui fut à la pointe du combat de Solidarnosc en Pologne, ou d'un Veran Matic, le directeur de la radio d'opposition serbe B92 qui a fait trembler Slobodan Milosevic. Ce n'est pas un militant, mais un professionnel, une vedette, dont le style et le