La liberté de la presse était l'un des principaux acquis de l'«ère Eltsine», même si la province restait à la traîne comparé à Moscou et Saint Petersbourg. Avec Vladimir Poutine, l'époque où l'on pouvait tout dire et tout écrire est révolue. Encouragés par la nouvelle atmosphère régnant au Kremlin, les patrons des régions ont resserré leur emprise sur la presse. A Moscou, plusieurs médias prestigieux comme la chaîne NTV sont menacés de disparition ou de reprise en mains.
«Nous sortons aujourd'hui le numéro 252 où nous avons averti nos lecteurs: le numéro suivant sera peut-être fait par une autre équipe», explique le directeur d'Itogui, Sergueï Parkhomenko. Créé par le groupe de presse Media Most de Vladimir Goussinski, l'hebdomadaire (qui porte le même nom que l'émission de NTV, mais n'a aucun lien avec elle), qui s'inspire de l'américain Newsweek, fait aussi l'objet d'une offensive de Gazprom. Grâce à une alliance avec un actionnaire privé, le géant gazier vient de s'en assurer la majorité. Apparemment convaincu que l'équipe ne plierait pas, il a embauché une nouvelle rédaction qui travaille dans le même immeuble, à l'étage supérieur. «Parfois, ils viennent nous demander conseil», grince Parkhomenko.
Résistance. Itogui, grand succès de la presse magazine de ces dernières années, est largement bénéficiaire. La bataille porte donc aujourd'hui sur la possession du titre. Gazprom entend le garder afin de s'assurer la manne publicitaire. Goussinski tente de s'y opposer, tandis que