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Libération
Analyse

NTV, la dernière opposition

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La contestation des Russes souligne l'absence de réaction des politiques.
publié le 10 avril 2001 à 0h26

Vladimir Poutine est un défenseur affiché de la liberté de la presse. Mais de la presse loyale. Bien qu'il s'en défende, l'offensive contre la chaîne de télé NTV porte la marque d'un homme qui supporte mal les attaques «ennemies» et les voix dissonantes. En suscitant ce qui ressemble à un début de mouvement d'opinion, cette guerre pourrait pourtant à terme se retourner contre lui.

Sans en exagérer l'importance, l'acharnement contre NTV et la situation quasi désespérée dans laquelle se trouve la chaîne ont suscité un frémissement au sein d'une opinion que l'on croyait fascinée par Poutine et prête à tout accepter. Pour la deuxième semaine consécutive, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Si l'on excepte les défilés rituels du 1er mai ou du 7 novembre, ou les manifestations syndicales très ordonnées, on n'avait pas vu tant de monde dans les rues depuis des années. Les organisateurs eux-mêmes ont reconnu avoir été surpris.

Mais Moscou n'est pas Prague où plus de 50 000 personnes sont descendues dans les rues, en janvier, pour soutenir les journalistes de la télé refusant la nomination d'un nouveau directeur. En Russie, la «société civile» est balbutiante. Ces foules n'en constituent pas moins un avertissement: une partie au moins de l'opinion est attachée à la liberté de la presse désormais symbolisée par NTV, chaîne d'opposition certes, mais aussi nettement plus professionnelle que les mastodontes pro-Kremlin comme RTR et ORT, souvent se