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Libération
Éditorial

Régression démocratique

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publié le 10 avril 2001 à 0h26

Vladimir Poutine serait-il adepte de l'humour noir? On ne saurait l'exclure. Le jour même où NTV, la dernière chaîne nationale de télévision indépendante du pays, passait sous le contrôle de Gazprom, le monopole gazier inféodé au pouvoir, le président russe prononçait un discours particulièrement allant devant les deux Chambres. A son programme officiel, la modernisation de la fonction publique, un code régulant et garantissant les investissements étrangers, la refonte d'un système fiscal inique et la réforme d'un système judiciaire arbitraire et corrompu. Bref, que de nobles ambitions. Malheureusement totalement contredites par la tentative de mise au pas de NTV.

Officiellement, on dit que NTV est victime de ses dettes, donc de la loi du marché et que la Cour suprême peut encore être saisie. Le croira qui veut. Car la chaîne incriminée, en fait de dette, payerait plutôt son indépendance d'esprit et la «dissidence» de son fondateur, l'oligarque Vladimir Goussinski. Une justice de circonstance a permis à Poutine de se débarrasser depuis plusieurs mois de cet adversaire au passé peu recommandable. Mais il reste à museler NTV pour normaliser la totalité du paysage télévisuel russe et à venir à bout de la presse écrite coupable d'impertinence. Ainsi se refermerait la courte période ouverte par l'ère Eltsine pendant laquelle aura existé en Russie une relative liberté de la presse, donc le droit d'informer et de critiquer.

Si la manoeuvre aboutit, elle consacrera un mouvement contin