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Libération
Éditorial

Acte manqué

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publié le 11 avril 2001 à 0h27

Boycottés dans les urnes aux municipales par une partie de leur électorat traditionnel, les partis de la gauche plurielle s'échauffent sur le boycott de Danone. Il n'était pas évident de passer de l'un à l'autre. C'est pourtant cet acte manqué que de nombreux dirigeants de gauche, à commencer par des dizaines d'élus socialistes, ont commis en choeur. Comme le disait Lacan, «tout acte manqué est un discours réussi». Toujours pas remise du choc des municipales, la gauche trouve tous les moyens de le claironner.

Après quatre années de gouvernement, avec une croissance soutenue et une baisse très importante du chômage, la majorité abordait les municipales la fleur au fusil. Le carton jaune du 18 mars l'a laissée désorientée.

Des fractions de l'électorat populaire, au lieu d'applaudir la performance, ont boudé, quand ils n'ont pas sifflé. La gauche plurielle se croyait sociale par la magie des 35 heures et des emplois-jeunes, et les fractions populaires de l'électorat de gauche ont exprimé leur mécontentement face à la stagnation de leur pouvoir d'achat.

C'est la contradiction majeure des années Jospin: il a fait le choix des 35 heures et du partage de l'emploi. Aux dépens du pouvoir d'achat. Ce choix plébiscité à gauche en 1997 se révèle frustrant en 2001. La somme des contreparties aux 35 heures ­ flexibilité, modération salariale et le coût budgétaire qui empêche toute autre mesure de grande ampleur ­ est perçue de manière de plus en plus négative.

C'est dans ce contexte que revie