En cet après-midi de faible affluence au Carrefour d'Ivry-sur-Seine, rares sont les consommateurs qui prennent au pied de la lettre l'appel au boycott des produits Danone. Tout le monde ou presque a entendu parler des suppressions d'emploi chez LU et trouve «révoltante cette course à toujours plus de profits», mais peu sont prêts à changer leurs habitudes.
Soutien moral. Le chariot rempli de biscuits LU pour ses enfants, cette chômeuse se déclare «bien évidemment sensible à tout ce qui touche à l'emploi. Mais j'ai acheté sans y penser». En même temps, «oui, je participe, mais moralement», ajoute-t-elle. Ce boycott, la plupart des consommateurs trouvent que «c'est une bonne idée», mais ils doutent de son efficacité. Pour Philippe, 29 ans, qui évolue dans un milieu «hyperlibéral» comme ingénieur du son free-lance, «il ne va pas rester grand-chose à acheter si on fait l'impasse sur Danone». «Je sais, ce n'est pas sérieux de ma part, mais qu'est-ce que je peux y faire?», ajoute-t-il dans un sourire gêné. «Il y a du pour et du contre, juge pour sa part cette infirmière, il faut marquer le coup, mais s'ils perdent tout, qu'y aura-t-on gagné?» «La concurrence se prépare à rafler la mise et, si je déshabille Danone pour habiller Nestlé, je ne vois pas en quoi mon action aura servi une quelconque cause», commente un cadre en «congé 35 heures». Très déçue par le boycott de Total auquel elle a participé, cette mère de famille travaillant dans l'hôtellerie ne voit pas à quoi peut servir