Les interventions des politiques dans le débat Danone n'en finissent pas de diviser les syndicats. La CGT considère d'un oeil bienveillant les sorties du PC sur Lu et ses appels au boycott. A la CFDT, un brin agacé, on aimerait que les «politiques ne se substituent pas aux partenaires sociaux.» Sophie Camard, professeur à l'université de Paris-I et auteur d'une thèse sur l'action des élus locaux dans les conflits sociaux (1), y voit une occasion pour les syndicats et les politiques de redéfinir leurs rapports. Toujours conflictuels en France.
Une partie des syndicats a ainsi peur «de se faire dépouiller», selon Sophie Camard. La CFDT est dans cette situation, où elle croit avoir tout à perdre de l'intervention des élus. Pour le syndicat, depuis la fin des années 80, et encore davantage depuis la Refondation sociale du Medef, la doctrine est claire: il faut s'émanciper des élus. Sa théorie sur la régulation du social exclut en effet totalement le politique. «Qu'on nous laisse faire notre travail, explique un syndicaliste de chez Danone. Les élus se mobilisent aujourd'hui, poussent au boycott. Et dans trois mois, on ne verra plus personne, alors que nous entrerons dans le gros de la négociation, quand il faudra montrer qu'on est fort face à Danone pour obtenir les meilleures primes, les meilleurs reclassements. Ils seront tous à la plage.»
La concurrence entre syndicats et politiques pour représenter les salariés agite la CFDT. En interne, on fustige les interventions des député