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Libération

Une arme à l'efficacité inégale

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Le terme boycott est né en 1880, en Irlande.
publié le 11 avril 2001 à 0h27

Etrange destin que celui du boycott. L'expression est née en 1880, en Irlande, lorsque les métayers surexploités du comté d'Erne firent des misères à l'intendant, le capitaine Charles Boycott. Non contents de mutiler son bétail, ils empêchèrent les ventes publiques de ses animaux : «N'allez pas chez Boycott.» L'expression, francisée en boycottage dès 1881, s'est peu à peu étendue au blocus économique d'une entreprise, d'un pays, par abstention d'achat.

«De gauche» ? A la fin du XIXe siècle, les ouvriers s'en servirent pour obtenir des salaires minima. Mais plutôt que de s'interdire d'acheter, ils s'interdirent de... travailler. Les ouvriers imprimeurs refusèrent ainsi de s'embaucher dans les entreprises n'arborant pas le «label» syndical, signe que leur tarif horaire n'était pas correct. Le boycottage servait donc à lutter contre le dumping social. L'apparition des conventions collectives rendit la pratique inutile.

Cette arme n'est pas toujours «de gauche», puisque les nazis appelèrent, avec le succès que l'on sait, au boycottage des magasins juifs dans les années 30 en Allemagne. Il eut des heures plus glorieuses, comme la lutte des Noirs de la ville de Montgomery, en Alabama, qui refusèrent, dans les années 50, de monter à bord des autobus municipaux pour protester contre leur confinement obligatoire au fond de la cabine.

A l'inverse des pays anglo-saxons et protestants, le boycottage n'a jamais vraiment connu de succès en France, à l'exception d'une campagne antiapartheid m