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Libération

Autour de Minuit

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publié le 13 avril 2001 à 0h28

Les éditeurs français témoignent des combats et des convictions de leur confrère disparu.

Claude Durand, Fayard: «La loi Lang sur le prix unique du livre, qui a tant fait pour la sauvegarde des librairies, et donc pour celle de l'édition de littérature générale, aurait pu s'appeler la loi Lindon, tant Jérôme avait mis de foi et d'énergie à la faire élaborer puis promulguer. Les professions du livre lui en seront à jamais reconnaissantes. On dira qu'avec lui disparaît un de nos derniers éditeurs indépendants. Je ne le crois pas. L'indépendance d'esprit fait aujourd'hui bien plus cruellement défaut que l'indépendance financière, et tant que dans les domaines de la création et de l'information continueront à s'exprimer des esprits incorrects, non alignés, à contre-courant, y compris à rebours des pseudo-non-con formistes, la "référence Lindon" aura toujours cours.»

Paul Otchakovsky-Laurens, P.O.L.: «Il était très pessimiste, je l'ai toujours connu pessimiste et, en même temps, de manière difficilement explicable, il vous transmettait une formidable énergie. En fait, il était pessimiste et vigilant et enthousiaste. Je me souviens particulièrement du récit de sa lecture de Molloy, dans le métro, à tourner les pages, sidéré et fébrile. Et aussi qu'il m'avait dit que pendant ses dix premières années à la tête de Minuit, il n'avait jamais su au début de chaque mois comment il pourrait le boucler. Tout était là: dans la fièvre de la découverte et dans le courage quotidien, pas seulemen