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Libération
Portrait

La potion amère du docteur Dervis

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La tâche du ministre de l'Economie semble démesurée.
publié le 16 avril 2001 à 0h29

A 52 ans, Kemal Dervis a répondu présent à l'appel à l'aide de la mère patrie. C'était début mars. Cet homme au franc parler n'a pas hésité à quitter la Banque mondiale, où il a passé près de vingt-cinq ans de sa vie. Et où il a terminé une carrière comme vice-président chargé des programmes de réduction de la pauvreté.

Si le Premier ministre Bülent Ecevit ne se sent pas directement menacé par l'arrivée de Kemal Dervis, qu'il conseilla entre 1973 et 1976, les autres membres de la coalition au pouvoir ne partagent sans doute pas son enthousiasme pour son arrivée. Car Kemal Dervis, à la tête d'un super ministère de l'économie, va devoir mettre en oeuvre une restructuration totale du système bancaire, une accélération du programme de privatisation et une révision à la baisse des dépenses publiques. Tout un programme qui risque de provoquer des changements profonds au sein d'un monde politique gangrené par la corruption et l'immobilisme.

En Turquie, personne ne lui reproche l'éloignement de son pays. Il est vrai que Kemal Dervis n'a jamais perdu le contact avec la réalité politique ou économique de sa Turquie natale. Il a surtout pour lui une connaissance des organismes internationaux, la Banque mondiale, bien sûr, mais aussi le Fonds monétaire international, auxquels la Turquie compte une fois de plus s'adresser pour régler la nouvelle crise.

L'économie, rien que l'économie. C'est ce qui semble, pour l'instant, animer cet homme qui s'est payé le luxe de refuser l'invitation de Bül