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Libération
Interview

Sécurité: «Comme Juppé et Balladur».

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publié le 18 avril 2001 à 0h30

Laurent Mucchielli, historien et sociologue, chercheur au CNRS, vient de passer au crible les politiques et les discours sur la sécurité (1). Il analyse la façon dont Lionel Jospin s'est emparé du sujet depuis 1997, et ses limites.

Le Premier ministre a réaffirmé l'une de ses grandes priorités: la lutte contre l'insécurité. De quand date le tournant des socialistes sur cette question?

Du milieu des années 90, au sein du PS. Mais il n'a trouvé sa traduction officielle et gouvernementale qu'après les élections législatives de 1997. L'événement marquant est le colloque de Villepinte, organisé par Chevènement, ministre de l'Intérieur, en octobre 1997, mais sous le patronage de Jospin. Le gouvernement a pris alors clairement une posture répressive. A ce moment-là, on l'oublie trop souvent, le Premier ministre n'a pas encore nommé de ministre de la Ville. C'est symbolique. Et on voit bien que, pour des motifs strictement électoraux, ce thème va être l'un des enjeux forts de la campagne présidentielle.

Qu'est-ce qui sous-tend ce discours sur la sécurité?

C'est tout d'abord un affichage global à l'intention de l'électorat de gauche perdu: une façon de prendre en compte toute une série de nuisances que cet électorat subirait au quotidien. Selon les cas, le discours tenu, sur la violence des jeunes, est plus ou moins sécuritaire ou plus ou moins misérabiliste. Il y a la tendance que l'on pourrait qualifier de culturaliste, qui met en avant la rupture du pacte républicain, le développement