S'il est vrai, comme le prétendait l'Antiquité, que les dieux aveuglent ceux qu'ils veulent perdre, il semble bien qu'ils se soient intéressés de près à l'économie et aux marchés depuis quelques temps. L'hubris, ce complexe de démesure et d'orgueil, saisit le héros pour mieux le précipiter aux Enfers. Et, de fait, on vient de voir les deux principales économies mondiales, l'américaine et l'européenne, se monter le bourrichon, chacune à sa manière, avant de retomber sur leur cul. La première a follement surestimé, dans un grand envol de violons californiens, les profits réels qui pourraient venir d'Internet, la seconde a préféré un délire téléphonique et portable, dans un grand tam-tam néo-moderne, pariant des centaines de milliards sur un avenir incertain. Cela s'est redoublé d'une euphorie boursière insensée. Les dieux ont bien ri quand ils ont fait pleuvoir de l'eau froide sur toutes ces brillantes cervelles échauffées.
Evidemment, dans le monde réel, cela se paye par des vagues de licenciements. Aux Etats-Unis, qui ont toujours une longueur d'avance et une franchise brutale, ce ne sont pas moins de 400 000 suppressions d'emplois qui ont été décidées lors du premier trimestre, notamment par le Gotha high tech. C'est maintenant au tour des équipementiers téléphoniques européens d'annoncer de mauvaises nouvelles à leurs employés.
C'est pourquoi la réaction favorable des Bourses à la baisse des taux d'intérêt américains n'a pas de raison de porter à l'optimisme. D'une part, les