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Libération
Interview

Dominique Biderman*

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«Les salariés gérés comme des stocks»
publié le 21 avril 2001 à 0h33

«Ce qui surprend le plus dans la succession de ces annonces de licenciements, c'est que les PDG restent focalisés sur le court terme et fuient leurs responsabilités. Or, le propre de la responsabilité sociale, c'est d'anticiper. Ils ont plus facilement anticipé leur salaire et leurs stock-options que les éventuels retournements de conjoncture. Au lieu de réagir, les grands patrons devraient agir. Au nom de l'efficacité, certains tentent de justifier des comportements moutonniers. Mais, sur le long terme, la performance d'une entreprise est aussi sociale. Les grands patrons considèrent encore que les salariés sont comme de la gestion de stocks: la conjoncture se dégrade, on «dégraisse». Ericsson a-t-il proposé à ses salariés de réduire leur temps de travail à 80 %? Non. Les patrons restent persuadés qu'il faut réconforter les actionnaires. On est allé trop loin dans la rémunération obscène des PDG. Mais certains actionnaires se réveillent; ils savent que cela ternit l'image de l'entreprise. Microsoft, comme Vodafone, viennent de voir une minorité d'un tiers de leurs actionnaires refuser un plan de stock-options pour ses managers! C'est nouveau: il y a un an, ce genre de motion ne recueillait que 5 % des voix... La France reste à la traîne. Mais l'idée d'un actionnariat citoyen, surtout chez les institutionnels, fait son chemin. Ainsi, Danone, qui a dans son capital une majorité d'actionnaires institutionnels, connaît un petit vent de révolte».

* Directeur de la fondation suiss