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Éditorial

Ethique

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publié le 21 avril 2001 à 0h33

Ce n'est pas la lutte finale et ça ne lui ressemble guère, mais un peu partout dans le monde les (grands) patrons sont montrés du doigt et vilipendés comme ils l'ont rarement été. Face à eux, plutôt que la classe ouvrière et les survivants de la lutte des classes, ils trouvent une coalition hétéroclite d'activistes moralisateurs, d'actionnaires pétitionnaires, de consommateurs angoissés et même d'employés mécontents puisque considérés surnuméraires. Après s'être longtemps occupée des exclus, n'était-il pas inévitable que l'opinion publique s'intéresse aussi aux heureux du monde et à leurs drôles de pratiques?

Bien entendu, entre, disons, le recul des grands groupes pharmaceutiques sur le dossier du Sida et les ennuis personnels du baron Seillière, investisseur inepte ou virtuose du bonneteau financier, le lien qu'on peut faire reste des plus flous. On pourrait peut-être parler d'«après-Seattle», de cette humeur âcre qui s'est glissée jusqu'au coeur de la citadelle, à Davos, et qui fait, ces jours-ci, le siège des dirigeants américains réunis à Québec.

Tout se passe comme si la vertigineuse et toujours croissante mécanique du capitalisme libéral devait affronter non pas une opposition frontale et comme extérieure à elle-même mais au contraire une série de défis suscités à l'intérieur de ses rouages. C'est d'ailleurs pour l'avoir compris que certaines grandes entreprises se sont dotées de services d'«éthique» auxquels, à ce jour, il reste à faire la preuve qu'ils sont autre chos