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Trop payés pour débaucher

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Comment assortir de critères sociaux la rémunération des dirigeants?
publié le 21 avril 2001 à 0h33

C'est une équation à plusieurs inconnues. Si les entreprises licencient à tour de bras, si leurs bénéfices fondent ­ mais pas toujours ­, pourquoi les patrons continuent-ils à surfer sur l'or? Si des firmes, en pleine frénésie concurrentielle, ont investi tous azimuts, sauf dans la valeur humaine (les salariés), qui pourrait partager les frais en cas d'accident industriel ou de myopie excessive face à un retournement de conjoncture? Le boss. La tendance est forte à demander des comptes aux capitaines de bateaux parfois ivres. «Il y a une exigence accrue envers les patrons, note un expert, un besoin d'exemplarité. L'opinion publique mondiale, surinformée et émotionnelle, n'accepte plus que seuls les salariés paient les pots cassés.»

Pactole. Pour le moment, malgré le mauvais climat économique, le beau temps règne sur les salaires des PDG. L'hebdomadaire américain Business Week assure que les salaires des patrons des 365 plus grandes firmes outre-Atlantique ont bondi de 18 % en 2000, alors que les résultats de leurs entreprises chutaient fortement. En Angleterre, le pactole des boss des 100 plus grandes entreprises a crû de 14 %. Or, «les patrons doivent assumer leurs responsabilités», s'énerve un analyste. Fin de l'«impunité»? «Quand les résultats ne sont pas là, tout le monde est redevable, dit-on chez Morgan Stanley Dean Witter. Le patron n'échappe pas à la règle.»

Pourquoi tant d'émoi? «Il y a un vent de révolte contre le cynisme de certains patrons, contre une gestion jugée