Partira, partira pas? Il y a quelque chose d'à la fois dérisoire et amusant dans la bagarre de cour d'école que se sont livrés les responsables de la Nasa américaine et de l'Agence spatiale russe autour du départ pour les étoiles de Dennis Tito. Le milliardaire californien est d'ores et déjà assuré d'un strapontin au panthéon de l'aventure spatiale au titre de premier «touristonaute». Le bras de fer russo-américain à son sujet, qui aura duré jusqu'au moment du compte à rebours sur le pas de tir de la fusée devant le propulser vers la station spatiale internationale Alpha, est un remake, sur le mode de la parodie, d'une épopée déjà vieille de presque un demi-siècle.
Le premier héros en fut Iouri Gagarine (en 1961). Elle est devenue presque ordinaire depuis que la navette Columbia a commencé de jouer les camions en orbite (en 1981). Et Christie's annonce pour la semaine prochaine la première vente aux enchères à New York de «reliques», tels le rapport manuscrit de Gagarine ou les écussons portés sur la Lune par Irwin. La rivalité entre Washington et Moscou a été depuis les origines le carburant le plus sûr de la conquête spatiale, et la place qu'il convient de faire à Tito n'est que l'ultime avatar d'une confrontation qui, au temps de la guerre froide, était bien plus menaçante qu'aujourd'hui.
L'enjeu de la guéguerre des étoiles actuelle est d'ordre purement symbolique, sans guère d'autre enjeu que l'orgueil de savoir qui sera «maître après Dieu» à bord du vaisseau spatial Alpha