Quarante ans. A deux semaines près, c'est la durée qui sépare l'envol du premier touriste spatial, aujourd'hui, du vol inaugural du Soviétique Iouri Gagarine, le 12 avril 1961. Au-delà du symbole, force est de s'interroger sur le sens de l'aventure de Dennis Tito, cet ancien ingénieur de la Nasa devenu milliardaire, qui, pour 20 millions de dollars (22,30 millions d'euros), réalise «un rêve d'enfance». Vol pionnier, à l'instar des hommes-oiseaux qui inventèrent l'avion, ou épisode sans lendemain, simple avatar de la dérisoire quête de devises d'une astronautique russe victime d'un Etat aux finances défaillantes? De la réponse à cette question pourrait bien dépendre l'avenir des vols habités, en modifiant leur économie.
Nonobstant ses désirs personnels ou l'image qu'il se fait de son métier, l'astronaute professionnel est d'abord un propagandiste politique. L'intérêt des expériences scientifiques menées dans l'espace ou de la collecte des échantillons lunaires lors des missions Apollo est évident, tout autant que la disproportion d'avec leur coût. Aucun organisme de recherche civil n'aurait obtenu les crédits indispensables à ces expéditions sur la base d'un programme purement scientifique. Les vols habités sont nés de la compétition Est-Ouest, et la science n'est venue qu'en surplus. En passager, non clandestin certes, mais incapable de payer sa place. La station spatiale en construction résulte de la même logique politique, instrument des relations délicates entre les Etats-