Affairiste à tout crin, silencieux sur les origines de son immense fortune, épargné naguère par la justice dans une affaire de financement politique uniquement pour cause de prescription, mais toujours poursuivi pour falsification de bilan et corruption de magistrat, démagogue au point de diffuser à des millions d'exemplaires une biographie hagiographique dont les époux Ceausescu n'auraient pas renié l'emphase, épris de son image jusqu'à interdire à ses colistiers d'en utiliser une autre sur leurs propres affiches électorales, soupçonné de sombres accointances en Sicile avec la Mafia... Non, décidément, Silvio Berlusconi n'est pas un personnage sympathique. Mais ce n'est pas une découverte. Tout juste une confirmation. Ce qui est nouveau, en revanche, et bien plus inquiétant, c'est la résurrection politique, grâce à l'apparente adhésion d'une majorité d'Italiens, d'une personnalité hautement contestable qui avait dû jeter l'éponge en 1994, après un bref passage au pouvoir. Car l'homme qui a été remercié alors est exactement le même que celui qui a des chances de s'imposer le 13 mai. Seule différence: les doutes, les soupçons et l'opacité qui l'entourent, loin d'être dissipés, se sont encore épaissis. Force donc est de penser que ce sont les Italiens qui ont changé en se résignant: ce qui avait fini par leur répugner hier serait ainsi devenu acceptable aujourd'hui, la coalition de gauche sortante ayant trop fait preuve d'immobilisme, d'opportunisme et de pusillanimité. Ce ne
Éditorial
Ne pas se résigner.
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par Jacques AMALRIC
publié le 4 mai 2001 à 0h46
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