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Libération
Éditorial

La pluie et le prion

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publié le 8 mai 2001 à 0h48

Une petite moitié de la France est en train de découvrir les charmes du climat britannique avant les conséquences qui en découlent inévitablement, en particulier la pratique compensatoire de l'humour. En attendant, ça n'a rien de drôle, ni pour les populations pavillonnaires du val de Somme, ni pour les agriculteurs qui pataugent sans labours ni pâtures.

Pour leur remonter le moral, il faut leur souhaiter que cette année exceptionnelle (même les météorologues le reconnaissent) soit vraiment exceptionnelle et non pas prémonitoire de quelque dérèglement moins éphémère. Après tout, c'est parce que le sol du bassin de la Somme était gorgé d'eau après un hiver et un printemps 2000 déjà fort pluvieux que les dégâts des eaux y ont pris l'ampleur qu'on leur voit...

Pour le monde agricole, ces pluies interminables sont un troisième fléau, après la vache folle et la fièvre aphteuse. Il est certes absurde de mettre dans le même sac la pluie et le prion. Mais dans un cas comme dans l'autre se pose le problème d'une prévision des risques défaillante. Les inondations picardes ne peuvent être, comme d'habitude, mises au compte de l'arasage des haies bocagères et du goudronnage des parkings. Leur importance requiert une réponse à grande échelle de l'ingénierie hydraulique. Le dicton favori des compagnies d'assurances, qui prétend que leurs tarifs ne paraissent élevés qu'avant l'accident, se vérifie une fois de plus.

Au-delà des conséquences financières qu'il supportent déjà, les agriculteurs s