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Libération
Éditorial

Résipiscence..

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publié le 9 mai 2001 à 0h48

Alors que d'aucuns s'essayent à la tâche aride de ranimer le souvenir défraîchi de François Mitterrand, il convient de se rappeler que celui-ci avait une conception très arrêtée du traitement qu'il convenait d'appliquer aux plus pesants souvenirs de l'histoire de France. Il tenait en effet qu'il fallait les étouffer sous l'onction de l'unité nationale et éviter de réveiller les chiens qui dorment et qui sont cause d'inutiles querelles. Son passage de Vichy à la Résistance ne l'a pas empêché de garder à l'égard du pétainisme une grande indulgence, que sa fréquentation amicale de Bousquet et les gerbes déposées sur la tombe de Pétain ont mise en lumière. Quant à la guerre d'Algérie, il s'est distingué en signant, très vite une fois devenu Président, la «reconstitution de carrière» des officiers condamnés par la justice française, sorte d'indulgence plénière à tous les crimes commis par ces militaires dévoyés et leurs pareils, tel Aussaresses.

Désormais, les Français se trouvent très majoritairement d'une opinion diamétralement opposée, comme le montre notre sondage. Mais il importe de remarquer que le taux de réponse varie sensiblement avec l'âge des personnes interrogées. Les réserves des plus vieux quant à une condamnation ­ à la fois morale et judiciaire ­ des tortures commises par des Français peuvent s'expliquer de deux façons. D'une part une dénégation de culpabilité au nom des difficiles épreuves collectivement traversées et, d'autre part, un essoufflement du prétexte na